Une crise profonde
Le monde dit « développé » de l’Europe supporte mal les crises financières qui se prolongent en récession. Il y a désaccord sur les voies à suivre pour retrouver la croissance : flexibilité du travail avec en sous-entendu la perte des avantages sociaux , réduction de la dette publique avec arrêt des investissements et donc perte d’emplois, modification du régime des pensions et de la sécurité sociale avec ses conséquences de fragilisation de la vie de couches les plus vulnérables de la société. La crise pèse.
Les populations réagissent vivement contre les mesures d’austérité auxquelles elles sont soumises. Elles se rendent bien compte que le résultat net de cette situation, est que tous deviennent plus pauvres et doivent apprendre à vivre plus pauvrement.
A l’autre extrémité, les pays « en développement », même s’ils ne subissent pas la crise financière de façon aussi sévère que le premier monde, ne vivent pas dans l’opulence. La grande partie de leurs populations vit pauvrement. Certains de ces pays sont même étiquetés « LDC = Least Developed Countries – pays les moins développés » et jouissent d’un régime particulier d’assistance.
Entre ces deux catégories, les pays dits « émergents » ont un taux de croissance qui se maintient. Mais la plupart se considèrent encore comme ‘en développement’ et profitent des avantages de la situation. La majorité de leurs populations vivent dans un état de grande pauvreté. L’exemple récent du bâtiment effondré au Bangladesh a mis en lumière l’esclavage auquel sont soumis les travailleurs et travailleuses au profit des multinationales étrangères.
Globalement parlant, il est raisonnable de dire que tous – sauf les classes privilégiées – nous allons devoir apprendre à vivre plus frugalement si pas plus pauvrement.
A l’origine des crises qui se succèdent, on peut pointer du doigt les spéculateurs immobiliers et le système bancaire non contrôlé mais il faut se rendre compte que derrière ces causes, se révèle une réalité plus profonde. Le monde prend conscience petit à petit qu’on ne peut pas continuer sur le même rythme d’utilisation des ressources naturelles non renouvelables au risque d’hypothéquer le standard de vie des générations qui nous suivront.
Consommation maîtrisée pour une production qui préserve l’avenir
Le monde a suivi, en juin 2012, la Conférence Mondiale RIO+20. ‘Plus 20’ pour rappeler que c’est il y a 20 ans, en 1992, que s’est tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, la première grande conférence en vue de coordonner les actions de tous les pays pour un développement durable.
En 1992, à l’approche du 21e siècle, les chefs de 178 gouvernements signaient un plan d’action appelé ‘Agenda 21’ qui donnait les directions à suivre dans tous les domaines de gestion du monde pour assurer un avenir meilleur à l’humanité. Vingt ans après, force est de constater qu’il reste beaucoup à faire pour construire « Le futur que nous voulons » suivant le titre du document final de RIO+20.
C’est dans l’Agenda 21 que se trouve déjà cette prise de conscience que le monde doit changer son mode de consommation. Les autorités concernées ont essayé de définir ce que sont la consommation et la production durable (sustainable consumption and production). Le Ministre de l’Environnement de Norvège la définissait comme suit : « User des services et de leurs produits pour répondre aux besoins de base et apporter une meilleure qualité de vie tout en réduisant au minimum l’usage des ressources naturelles et des matériaux toxiques aussi bien que les émissions des déchets et des produits polluants tout au long du cycle des services ou de leur produit pour ne pas mettre en danger les besoins des générations futures. » : définition bien compliquée ! En bref, c’est un signal d’alarme : on consomme trop et trop mal, on abuse des ressources naturelles, on produit des déchets trop abondants et polluants. Nos enfants vont pâtir des mauvaises conditions de vie que nous leur préparons!
Cet appel pour le « SCP (Sustainable Consumption and Production) – la consommation et la production durable – n’a pas été suivi d’un engagement sérieux. Mais les faits sont irréfutables : on abîme sérieusement la Planète Terre et cela aura des conséquences.
La conférence Rio+20 reprend donc ce thème et lance une Décennie pour la Consommation/ Production durables – 10 YFP (10 Year-Framework of Programmes on Sustainable Consumption and Production)
Une spirale infernale
Un de mes professeurs d’économie disait : « les enfants c’est bon pour l’économie ; ça déchire ; ça fait acheter ; ça entraîne la production ! » Toute la filière économique nous pousse à acheter, à consommer. La publicité nous incite à acheter le dernier modèle et à rejeter le précédent encore bon. Il faut consommer parce que les usines de production en masse doivent être rentabilisées. Et si la demande croît, il faut augmenter la production : cercle vicieux. Des nouveaux modèles de tous les gadgets, plus performants, apparaissent tous les jours sur le marché et font la une des publicités. On appelle cela le « consumérisme ».
Dans la définition de la Consommation-Production-Durable (CPD), il est question des déchets. La gestion des déchets est un problème qui devient gênant dans de nombreux pays. Certains ont déjà fait de grands progrès en éduquant les populations à trier leurs déchets pour permettre une récupération ou un recyclage. Les firmes d’appareils électriques et électroniques doivent prévoir la récupération des appareils obsolètes. Une industrie nouvelle de recyclage des déchets se met en place. Mais tout cela a un coût.
Les pays les plus pauvres (LDC) n’ont pas les moyens d’assurer ce recyclage. Les déchets sont alors accumulés dans des sites nauséabonds où un feu couve en permanence. Les vapeurs toxiques que respirent la population pauvre qui vit de et sur ces déchets, nuisent à leur santé.
Comment en sortir ?
Une première voie de sortie est la fuite en avant. Certains ne s’inquiètent pas de l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables ; « on trouvera de nouveaux gisements à exploiter…» Les problèmes de pollution ne sont pas leur souci : « la nature a une telle capacité d’adaptation …» Ce n’est pas l’avis de ceux qui étudient les conséquences de cette politique sur la qualité de vie des générations qui nous suivent. La destruction massive des forêts cause la désertification de nombreux territoires et augmente le nombre des déplacés internes de nombreux pays ; l’acidification des eaux des océans modifie profondément les systèmes écologiques marins ; les modifications climatiques provoquent la fonte des glaciers et font peur aux populations des États insulaires à faible relief.
La voie proposée est celle de la maîtrise du cycle production/consommation. La production sera ralentie s’il y a moins de consommation. L’effet s’observe déjà aujourd’hui à échelle réduite en Europe où en raison de la crise financière et économique, les gens limitent leurs dépenses non essentielles avec comme résultat immédiat que les usines doivent mettre leur personnel en congé technique à cause de la surproduction.
Il est certain que la crise économique entraînera la fermeture de certaines usines. Ce qu’il faut, c’est une reconversion des productions. Subsidier des entreprises non rentables en raison de la concurrence mondiale et de la surproduction est suicidaire. Le monde a besoin de créativité et de nouvelles initiatives. L’espace est large ouvert pour de nouvelles initiatives qui réduiront la consommation d’énergie et des ressources naturelles pour éviter le gaspillage.
Une voie plus immédiate : la sobriété
- Comme chrétiens, adoptons un style de vie plus sobre qui soit un exemple pour le monde.
- Nous connaissons la campagne pour les « 3 R » : Réduire – Réutiliser – Recycler. Réduire est possible en de nombreux domaines ; à chacun de réfléchir sur ce qu’il consomme. Réutiliser : on en revient des habitudes jeter et acheter neuf ; réparer un objet pour continuer à s’en servir n’est pas ridicule ! Recycler : dans de nombreux pays, des progrès importants ont été accomplis dans le tri des déchets. Portons notre attention sur ce que les anglophones appellent les « e-waste », les appareils électriques et électroniques hors d’usage. Des entreprises se mettent en place pour récupérer ces déchets, empêcher qu’ils ne polluent le sol ou l’atmosphère et en récupérer les substances utiles
- Le 5 juin est célébrée la Journée Mondiale de l’Environnement. À cette occasion, le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) a lancé une campagne avec le thème : Réfléchis – Mange – Garde (Think, Eat, Save). Visitez le site : www.unep.org/wed. Plus du tiers de la nourriture produite dans le monde est perdue alors que la sécurité alimentaire est une urgence dans de nombreux pays. Pourquoi cette perte : trois raisons. 1 le gaspillage – 2. les exigences excessives des supermarchés en matière de beauté extérieure des produits en étalage – 3. la qualité du transport et du stockage des nourritures, surtout dans le monde en développement.
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