Les mouvements nationaux du Chili, du Brésil, de la Colombie, du Panama, du Pérou, du Paraguay, du Paraguay, de l’Uruguay, ainsi qu’un invité d’Argentine, se sont réunis pour revoir nos engagements en tant que professionnels sur le continent ; la République dominicaine, Haïti, la Bolivie, l’Equateur et le Guatemala ne pouvaient participer. En continuité avec les orientations de la rencontre de Lima 2015, guidés par notre méthodologie de révision de la vie, attentifs à la situation actuelle de nos peuples et éclairés par l’encyclique Laudato Sí, nous assumons les nouveaux défis que nous voulons transmettre par ce document.
“Oui, je vais créer un nouveau ciel et une nouvelle terre. (…) Le loup et l’agneau brouteront ensemble, le lion mangera de la paille comme le boeuf, et le serpent se nourrira de poussière : Il ne fera ni mal ni ne détruira toute ma montagne sainte, Dit le Seigneur”. (Is. 65, 17a. 25)
ORIENTATIONS
1- Nous réaffirmons en tant que mouvement une conception du développement qui ne se réduit pas à la croissance économique, mais qui intègre les multiples dimensions de la vie humaine, la qualité de vie de nos peuples et le développement des capacités de tous les peuples, ce qui peut être réalisé même dans des conditions de revenu insuffisant ou sous l’effet de crises économiques, puisque les pays les plus riches n’atteignent pas nécessairement un développement humain supérieur.
2- Nous apprécions la réduction de l’extrême pauvreté et l’inclusion dans le système économique de secteurs populaires modestes, ainsi que les processus d’intégration socioculturelle de certaines minorités. Toutefois, cette situation n’a pas empêché le maintien et, dans certains cas, l’aggravation des inégalités dans plusieurs pays de la région. L’Etat, la politique et la démocratie n’ont pas réussi à modifier la coopération des forces qui permet au marché, aux grandes sociétés économiques et financières et aux autres groupes de pouvoir concentré de consolider les processus d’accumulation de richesse et de privilèges pour quelques-uns, au détriment des majorités et de la Maison commune.
3- La démocratie est le meilleur moyen pour nos pays. Cependant, les gens sont confrontés au désenchantement et à la frustration, ce qui peut les inciter à choisir des gouvernements forts et “poigne de fer”. C’est pourquoi il est nécessaire de la renforcer, c’est-à-dire d’améliorer son fonctionnement, afin que l’argent ne soit pas toujours le facteur prédominant dans les décisions, d’améliorer la représentation politique et de promouvoir des formes de participation qui répondent aux besoins et aspirations réels des populations. En outre, nous proposons la création de liens d’union et de réseaux avec d’autres mouvements sociaux ; nous encourageons la formation de nouvelles générations et leur permettons d’avoir des expériences de participation à des actions collectives ; en ce sens nous valorisons la participation à des mouvements qui défendent des causes spécifiques, et qui surviennent à différents moments, comme les mouvements des femmes (Not one less, Me too) ou des jeunes (comme les “pulpines” au Pérou contre un travail à droits réduits).
4- Nous avons été interpellés par l’urgence de la situation de la Terre, notre maison commune, en raison du changement climatique et du réchauffement global qui exigent une attitude de prudence et de défense. Dans notre sous-continent, nous avons une responsabilité particulière : la protection de l’Amazonie en tant que poumon de la planète et réserve de biodiversité, qui est gravement menacée par la déprédation massive des ressources forestières par l’exploitation minière illégale ou par des cultures illégales pour le trafic de drogue, ou même par des cultures légales comme le palmier à huile, par la contamination des eaux et des terres par les marées noires ; tout cela menace la vie des peuples qui y vivent et diminue l’oxygène nécessaire à la vie dans le monde. L’Église latino-américaine a créé le REPAM (Pan Amazon Ecclesial Network) qui rassemble les neuf pays qui partagent l’Amazonie. Nous voulons nous engager de plus en plus dans son travail et participer à la préparation du Synode pan-amazonien que le Pape François a demandé pour 2019.
Il y a aussi beaucoup d’autres problèmes écologiques dans les différentes parties du continent, qui exigent notre action : la contamination de l’eau des rivières et des mers, l’air des villes, le sang des populations par le mercure, le plomb et d’autres métaux, l’aquifère guarani, la gestion négligente des déchets solides ou de l’extraction des résidus. Les actions qui semblent modestes, comme la promotion d’une culture du recyclage, sont très importantes, par exemple pour réduire l’utilisation du plastique. Tout cela nous appelle à un style de vie simple, en évitant le consumérisme et le partage des biens. Nous chercherons à établir des liens avec le Mouvement catholique mondial pour le climat, afin d’articuler les actions et d’avoir plus d’impact.
“Une véritable approche écologique devient toujours une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour entendre à la fois le cri de la terre et celui des pauvres ” (Laudato Sí, 49).
5- L’option préférentielle pour les pauvres, dont nous célébrons les 50 ans depuis la Conférence CELAM de Medellín 68, a motivé un long cheminement d’expériences profondes de dévouement, de témoignage et de martyre, et continue à nous pousser à nous engager pour les pauvres et à chercher les visages concrets qui nous défient aujourd’hui. Nous retrouvons les visages des femmes qui réclament une participation égale à la société, à la politique et à l’Église ; les visages des femmes victimes de violence, en particulier de féminicides ; les visages des enfants et des jeunes victimes d’abus sexuels, de mauvais traitements ou d’abandon ; les visages des migrants qui échappent à des conditions de vie inhumaines et courent les risques qui en découlent ; Les visages des personnes discriminées en raison de leur origine ethnique (indigènes et afro-américains), de leur statut socio-économique ou de leur orientation sexuelle ; les visages des jeunes qui ne trouvent pas d’emploi décent ou de possibilités d’études ; les visages des personnes âgées qui ne reçoivent pas de pensions décentes ou sont victimes de la culture du rejet. Nous voulons les servir avec notre travail professionnel, politique ou social.
6- Nous nous sentons partie intégrante de l’Église dans laquelle nous avons reçu le message et les enseignements de l’Évangile pour grandir dans la foi et approfondir notre sens de la vie. Nous vivons avec François un moment d’espérance et un retour au message essentiel de Jésus, qui nous appelle à construire “une Église pauvre et pour les pauvres”, “en chemin”, et à incarner le Concile comme l’a fait Medellín. Nous sommes secoués par une crise très profonde causée par les abus sexuels d’enfants et d’adolescents par le personnel de l’Église et par la dissimulation du problème par la hiérarchie. Au milieu de la douleur et de l’indignation, nous voyons ces événements comme un signe des temps par lesquels Dieu nous interpelle. Les victimes doivent être la priorité, elles doivent être entendues, soignées et recevoir la réparation nécessaire qu’est la justice. Nos communautés sont solidaires avec eux. Avec le Pape François, nous soulignons que la cause profonde de ces crimes est le cléricalisme, la spiritualité de l’élite et l’abus de pouvoir. Cela exige un changement profond dans la structure de notre Église et une conversion sincère ; ce n’est qu’ainsi qu’elle pourra retrouver sa crédibilité. Ces temps sont un kairos, un moment opportun pour le changement, pour le protagonisme des laïcs et en particulier des femmes, pour construire une église plus synodale.
7- Le MIIC d’Amérique latine est une communauté de disciples de Jésus, qui revoient constamment leur vie et leur engagement à la lumière de la foi. Nous considérons qu’il est nécessaire de renforcer notre spiritualité, d’approfondir notre méthodologie de révision des faits de la vie, d’actualiser notre réflexion théologique. Nous voulons que ce modeste mouvement qui a tant marqué nos vies grandisse et se renforce, en intégrant les jeunes générations et en soutenant les mouvements étudiants catholiques dans nos pays. Nous apprécions et apprécions le travail de l’équipe régionale et l’accompagnement de nos conseillers (prêtres et laïcs).
Ces lignes directrices devraient être traduites en plans d’action adaptés à la réalité de nos pays et conformes aux perspectives et possibilités régionales.
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