Cette année 2019 sera l’année de l’Europe. Les élections de printemps marqueront inévitablement soit la relance du projet politique européen, soit son naufrage, probablement définitif.
Les erreurs du passé sont sous les yeux de tous et les conséquences en sont chèrement payées. Ces erreurs sont liées à un manque de solidarité entre les États membres de l’Union et à un manque de prévoyance de la part des classes dirigeantes, préoccupées d’encaisser périodiquement un gain électoral immédiat, à utiliser uniquement au niveau national. Les humiliations réservées aux peuples, au peuple grec particulièrement, montrent combien l’histoire n’a pas ou peu enseigné : la leçon des régimes totalitaires du XXe siècle, nés sous les cendres de la frustration et de l’humiliation, semble avoir été vaine.
Il est clair que l’Europe ne pourra reprendre son chemin avec dynamisme que si elle arrête de se regarder elle-même. Un monde sans Europe serait un monde pire, plus injuste, moins pacifique et plus instable. Pour reprendre un concept cher au Pape Bergeroglio, l’humanisme européen n’est pas seulement une catégorie “logique” – dotée d’un contenu historique et culturel défini – mais c’est aussi une catégorie “mythique”, dans le sens où elle constitue un idéal inépuisable à rechercher, une constellation de valeurs à l’intérieur desquelles se reconnaître et capable de produire un avenir au nom de la reconnaissance de l’humanité commune de tout être humain.
Le défi n’est pas de préserver les identités déjà données, en se protégeant des dangers extérieurs et intérieurs, mais de choisir de “devenir” un peuple : un peuple n’est pas un peuple une fois pour toutes et de manière évidente, mais il est toujours nécessaire de le vouloir, même grâce à l’inclusion de nouveaux sujets, porteurs de nouveaux points de vue. Face à ce défi, les chrétiens peuvent apporter une contribution grâce à leur capacité être un peuple. Ils peuvent et doivent le faire. Cependant, les peuples d’Europe doivent à nouveau sentir qu’ils sont des sujets actifs et pas seulement des objets passifs dans un projet européen qui passe au-dessus de leurs têtes.
Ainsi s’est conclu – il y a soixante-dix ans – un appel intitulé Europe Culture Liberté, écrit par Giuseppe Capograssi et signé par certains des intellectuels les plus importants de l’époque : “L’Europe a été la mère des civilisations dans le monde parce qu’elle n’a été que l’affirmation héroïque de l’humanité comme raison, justice et fraternité, l’effort inlassable pour mettre la libre individualité humaine non comme un moyen, mais comme une fin. Et de cette affirmation est née sa grande culture, sa philosophie, sa poésie, son art et sa science, l’immense création des sciences qui ont transformé la terre. A cette Europe et à la vérité qu’elle représente, l’Italie doit rester fidèle”. C’est d’ici – soixante-dix ans plus tard – nous devons repartir.
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